Pédocriminalité : le pape François exprime son "immense chagrin" face à l'"effroyable réalité" révélée par le rapport de la commission Sauvé
Fruit de deux ans et demi d'enquête, le rapport Sauvé, présenté mardi matin lors d'une conférence de presse, estime qu'entre 2 900 et 3 200 prêtres ou religieux pédocriminels ont sévi dans l'Eglise en France depuis près de 70 ans.
Ce qu'il faut savoir
"C'est avec douleur" que le Pape François a pris connaissance du contenu du rapport de la commission Sauvé, ce mardi 5 octobre. C'est ce qu'a déclaré le porte-parole du Vatican, Matteo Bruni. Il a également partagé les pensées du pontife, qui "se tournent en premier lieu vers les victimes, avec un immense chagrin pour les blessures et gratitude pour leur courage de dénoncer". Il indique également qu'elles "se tournent aussi vers l'Église de France, afin que, ayant pris conscience de cette effroyable réalité (...) elle puisse entreprendre la voie de la rédemption". Suivez notre direct.
Après le constat, les victimes réclament des actes. Un collectif d'associations de victimes de pédocriminels dans l'Eglise catholique a annoncé ce mardi attendre "des réponses claires et tangibles" de la part de l'institution religieuse après la publication du rapport de la commission indépendante présidée par Jean-Marc Sauvé.
Un rapport accablant. Le haut-fonctionnaire Jean-Marc Sauvé a présenté les conclusions de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (Ciase) qu'il présidait, mardi 5 octobre lors d'une conférence de presse. Son rapport estime à 216 000 le nombre de mineurs victimes de violences sexuelles de la part de prêtres ou de religieux depuis 1950. Ce chiffre, fruit d'une enquête de deux ans et demi sur un échantillon représentatif de Français, comporte une marge d'erreur estimée par la Ciase à "plus ou moins 50 000" personnes, a précisé le président de la commission.
Les évêques demandent "pardon". Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF), un des commanditaires du rapport, a pris la parole pour exprimer sa "honte" et son "effroi", et a promis que la parole des victimes "ne restera pas sans effet". "Que dire, sinon éprouver un infini chagrin, une honte charnelle, une indignation absolue", a pour sa part réagi Véronique Margron, la présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref), l'autre organisme à l'origine de cette enquête.
Demande de reconnaissance des victimes. "Réparer" le mal fait aux victimes implique "la reconnaissance de la qualité de victime des personnes, par une institution indépendante mise en place par l'Eglise", a estimé Jean-Marc Sauvé mardi. "La question de l'indemnisation n'est pas un don, c'est un dû", a-t-il ajouté, plaidant pour cette solution plutôt qu'un allongement des délais de prescription.
Un milieu particulièrement touché. L'enquête en population générale, menée par l'Inserm, permet aussi de comparer la prévalence des violences sexuelles dans différents milieux. L'Eglise est la plus touchée après le cercle familial et amical, a expliqué Jean-Marc Sauvé, devant l'enseignement, les camps de vacances et les organisations sportives.